D'où venons-nous?

Ce matin, en me réveillant, j'ai su qu'il me fallait répondre à cette question. Étrange! La veille, je me disais que l'endroit où l'on va est plus important que celui d'où l'on vient. Histoire de me perdre dans mes propres dédales d'exilée à vie. Cette question (d'où venons-nous) est fondamentale lorsque notre vie a longtemps été faite de départs et d'adieux.
Je viens de trouver la signification de ce blog. Même s'il est surtout destiné à une personne en particulier (à qui j'envoie un baiser à l'instant-même), il s'adresse d'abord à moi et à tous ceux qui, comme moi, n'ont pour patrie que l'exil.
je me propose donc, dans ce blog, de réfléchir sur l'exil en partant de ma propre expérience, sans chercher à faire oeuvre scientifique ou sociologique, mais plutôt afin de donner à ce sentiment d'étrangeté qui m'habite et m'habitera jusqu'à la fin des temps un lieu où se dire, un lieu où s'exorciser.

dimanche 25 novembre 2007

L'exil comme écueil

Quand on fait une recherche sur Internet en ce qui concerne l'exil, on tombe sur de très belles citations, des phrases terribles qui découpent le réel au scalpel et vous présentent la chose, l'exil, comme un objet d'art d'une beauté poignante et perpétuelle.
L'exil n'est pas une oeuvre d'art. C'est une souffrance lattente qui se dépose au fond de l'être, dans son intimité la plus secrète, et le fragilise sans qu'il le sache.
L'exil est mon identité. Ce qui revient à dire, aussi, que je n,ai pas d'identité. Que je suis sur le chemin de l'être, peut-être comme vous, peut-être comme moi.
J'ai été chassée de ma terre natale.
Des femmes de ma famille, sortes de harpies au nez pointu à l'affût du drame et du malheur, m'avaient un jour demandé ce que j'allais bien pouvoir faire pour survivre, pour m'en sortir alors que j'étais enceinte et seule, entendre sans homme, pour prendre soin de moi et me sauver. Ma grand-mère avait eu un rire méprisant et elle avait dit ceci qui s'est gravé en moi à jamais: "Elle va le chier, comme toutes les autres!" Voilà ce qu'étaient les enfants pour cette femme (qui a pourtant enfanté l'être le plus merveilleux que j'ai connu, mon père), des étrons.
L'exil, c'est cela aussi, être chassé du ventre d'une femme.
Mais c'est aussi la violence de l'exode, de la fuite éperdue avec la mort aux trousses. Avec le sang qui coule et la ville qui brûle en toile de fond, ville brûlée par les fuyards.
Les bateaux qui quittaient Alger ou Oran se sont tous échoués quelque part, sur quelque écueil où nos âmes se sont perdues. Nous, nous avons pris l'avion. C'est en plein ciel que mon âme a explosé sans que je le sache et que mes parents ont perdu l'essence de leur bonheur.

5 commentaires:

lutti_and-cie a dit…

Bonjour toi, je vois que tu as repris l'écriture du blog, et donc que tu n'as pas perdu l'adresse. Ouf!
Elles sont difficiles ces paroles dont tu accouches. Comment trouver un fruit dans cet exil, lorsqu'il devient exil de soi? Peut-être par ce que tu enfantes dans la transmission et la création.
Bises chaleureuses

Patricia a dit…

L'inquiétude est peut-être le fruit pour qui peut en supporter le goût violent. Un inquiétude qui une fois avalée se transforme en parole.

lutti_and-cie a dit…

tendresses :)
Je viens régulièrement visiter ton journal intime public où coule ta parole...

Anonyme a dit…

…Les conjonctions seraient donc favorables, comme le vent aux voiles des navires anciens, l'exil te mène au bout de la destinée, aussi intensément douloureuses sont les tribulations d'Une Vie, unique.
Tant de prières, de paroles ravalées aux ressacs de la conscience, dévot, je vous admire grandes dames, aux âmes si denses. Et dans les silences de mes pas, jamais je n'aurai pu vous oublier.
et si des questions se déposent comme les cendres d'un grand incendie, inattendus mais prévisible, merci d'êtres encore et pour toujours.

Quand nous reverrons-nous? Et nous reverrons-nous?

Muses que j'aime encore, ô mes Muses que j'aime...

Aussi mal que je ne serai pardonné!

Anonyme a dit…

beaucoup appris